L'inquiétude
L'art n'est pas une enveloppe aux couleurs plus ou moins brillantes chargée d'ornementer le "message" de l'auteur, un papier doré autour d'un paquet de biscuit, un enduit sur le mur, une sauce qui fait passer le poisson.
Alain Robbe-Grillet, 'Pour un nouveau roman'.
Il faut bien voir en effet qu'une oeuvre musicale, c'est avant tout une volonté, un désir, un effort (c'est à ce titre comme à d'autres que j'y vois le véritable sujet en musique, le sujet musical).
François Nicolas, 'Qu'est-ce qu'un style de pensée musical ?'
L'INQUIÉTUDE
L'événement, l'inconnu : le risque esthétique
LE FROTTEMENT
Pour la faille : le processus de contrôle
LE DISCERNEMENT
Les décisions dans l'oeuvre : les stratégies esthétiques
LA DIFFICULTÉ
L'honnêteté, faire face : le travail nécessaire
L'art est toujours mort, toujours en train de mourir. Il faut aux oeuvres toujours lutter contre le bruit du monde, le contingent, partout, et les oeuvres ennemies qui se soumettent à ce contingent. Il faut aussi bien réveiller les inquiétudes, trouver de nouveaux accès aux zones sans concepts (dans la saisie des objets, un moment où la saisie échoue), que gagner, localement, dans une exposition collective.
Des stratégies de lutte et de survie sont alors à décider, mais il ne sera jamais question de ruse. Il y aura toujours imprévisibilité totale de ce qui va faire oeuvre, de ce qui va apparaître, faire don, faire silence... de ce qui va pouvoir gagner.
On parle ici seulement de ce qui pourra rendre possible le travail, une conscience attentive peut-être, inquiète des généalogies, des précipices. Dans le contexte contemporain de profusion et d'équivalence généralisée des oeuvres, les bras nous en tombent. Il faut pourtant avoir le courage de continuer le travail, de prendre le risque esthétique (moins pour la postérité que pour, déjà, nos contemporains !).
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