{Vincent Dulom} Virtues of Scarcity
Fr
Le travail de Vincent Dulom est sans scénario.
On nomme processus le mouvement, la trajectoire entre un point A et un point B. Pour obtenir ce processus, des scénarios sont appliqués au traitement des images, des objets, du son, etc. C’est du moins un mode de fonctionnement majeur des productions du
champ de l’art contemporain.
Ici, pas de point A, pas de point B, seulement une origine.
Et, une origine qui n’est pas une idée. Encore une distinction. Nous avons donc, à profusion : des processus scénarisés, motivés par une idée, diffusés sur de très beaux objets, très variés (puisqu’en tant qu’objets au-service-de, ils ne sont plus soumis qu’à une seule contrainte : être un transmetteur, passif, une représentation), de la même façon que des programmes sont diffusés sur de rutilants écrans plasma (aux attributs techniques définis selon les fluctuations des besoins du marché, des modes, des orientations des fabricants, etc.). Mais pas ici. La peinture de Vincent Dulom est étrangère aux écrans plasma.
Définitivement un contre-processus : presque un exil.
Cela veut dire : mises en échec des stratégies d’abondance. Pas de recours à l’imagination, c’est-à-dire la formation d’une image dans l’espace mental ; à la place ses oeuvres proposent une rencontre, une mise en rapport beaucoup moins commune. On pourrait dire : une expérience forte de fusion. Le temps est au-dessus.
Ou simplement : le plus court chemin entre l’homme et la peinture.
C’est en passant un tour de force, si l’on remarque qu’une spécificité formelle des œuvres de Vincent Dulom est d’être des peintures qui flottent, hors de portée. Il y a une fracture entre la peinture et son support, mais ce n’est pas un obstacle entre l’usager de l’oeuvre et le travail. Au contraire, ces fractures-là sont peut-être ce qui rend possible de court-circuiter les représentations, les associations d’idées, etc., c’est-à-dire également d’aller au-delà, ou à côté, de ce qui nous est connu. Chercher la faille, ce qui se dérobe, donne un espace en dehors du bruit. Les peintures de Vincent Dulom sont en suspens, et nous offrent la possibilité de l’être aussi.
Amusons-nous à dire : sans l’ombre d’un doute.
Mais rappelons : ni lui ni son travail ne se situent dans la catégorie des beaux parleurs. On peut évoquer longuement la subtilité de sa peinture ; on peut aussi aller y chercher ce qui est solide, résistant, dur, sûr (vrai ?). Vincent Dulom poursuit, continue, maintient. Il nous est permis à tous d’errer, sauf peut-être pour ce qui compte. Faire avancer la pensée, compte. Le travail fait sens, et le peintre sait ce qu’il fait (ou du moins, s’inquiète de savoir ce qu’il fait : ce qui est encore mieux). Ensemble, ils donnent une force.
On y croit comme on croit à l’existence d’une pierre.
En
Vincent Dulom’s painting is not scripted.
The process of movement is defined as a trajectory between position A and position B. To obtain this, storylines are applied to treat images, objects, sounds, etc. At least that is a major operating mode in the field of contemporary art, today.
Here, no A point, no B point, just a beginning.
An equally distinctive quality is that this beginning is not based on an idea. We have a profusion of habitual options: processes with synopses, justified by ideas, diffused on beautiful objects, in various shapes and forms (because they are servile objects, their only obligation is to be a passive transmitter: a representation); in the same way, programs are broadcast on vivid plasma screens (imbued with technical capacities, defined by the fluctuations of the market’s needs, the latest tendencies, the manufacturers’ orientations, etc.). Plasma screens are extraneous to Vincent Dulom’s painting.
Definitely a counter-procedure: almost an exile.
That signified: here, the strategies of abundance fail. Using imagination is not an option either, no mental images are created here; instead, the work suggests an encounter, a much less common relationship in terms. One could say: a strong experience of fusion. Time is placed on hold.
Put simply: the shortest distance between man and painting.
It is an amazing feat, if you take into account one of the formal specificities of Vincent Dulom’s work: that the paintings hover, out of reach. There is a fracture between the paint and its tangible medium, but it is not an obstacle between the user and the work. On the contrary, this kind of fracture is possibly what is necessary to short-circuit representational images, associations of ideas, etc., to go beyond, or sidestep, what we know and are familiar with. A breakthrough, what is giving way is creating a space outside noise, in silence. Vincent Dulom’s paintings are suspended, and they offer us the possibility of being silently poised on the brink with them.
It’s amusing to say: without the shadow of a doubt.
But remember, neither he, nor his work are smooth talkers. You can evoke, at length, the subtle refinement of his painting: you can also look for what is strong, tough, hard, sure (true?) in the work. Vincent Dulom pursues, continues, maintains. Everyone can drift around, except maybe when things that really matter are concerned. Helping ideas evolve matters. The work has meaning, and the painter knows what he’s doing (or, at the least, he questions what he’s doing and why, which is even better). Together, they are strengthened.
You believe in this, like the belief in the existence of a rock.